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Kinshasa : comment brouiller une radio ?

Je suis au sommet de la plus haute colline de Kinshasa, entourée par les antennes de la Radio et télévision nationale RTNC du président congolais, Joseph Kabila. Ici, la plupart des médias de la RDC diffusent aussi leurs programmes. Et c’est l’Etat qui les contrôle.

Jour et nuit, des militaires sont postés en dessous des énormes antennes de la RTNC. Lorsque je passe devant, ils me suivent du regard. Ne touchez-pas, disent leurs yeux. Parfois, il s’endorment dans l’ombre, ce qui me permet de faire quelques photos en cachette. Voilà comment les dirigeants de ce pays contrôlent les médias. D’ici, le signal de la radio onusienne Okapi a été brouillé samedi dernier après une émission sur les rebelles M23.

Le mystère de l’antenne couchée
Au pied d’une antenne de 60 mètres, je rencontre Kudura Kasongo. Il est ancien porte-parole du président Kabila et propriétaire de la chaîne de télévision CMC TV, une chaine de l’opposition favorable au politicien Vital Kamerhe. Aujourd’hui Kasongo s’oppose donc ouvertement au régime congolais.

“D’abord, on nous a brouillé. Pendant une émission, on a retiré le signal”, explique Kasongo. “Juste avant la présidentielle de 2011, nous avons retrouvé l’antenne couchée. Quel mystère !”, lance Kasongo.

Il accuse l’Agence nationale des renseignements (ANR) d’avoir retiré le signal. “Elle devrait surveiller le territoire face aux agressions extérieures au lieu de surveiller les médias et les hommes politiques”, affirme-t-il.

Le pouvoir d’un monopole
“Vous voyez les trois grosses antennes au fond ?”, demande Kasongo, pointant son doigt. “C’est le terrain de Téléconsult, une entreprise privée italienne. Ils logent la plupart des télévisions et des radios en RDC, y compris RTNC. Ils ont le monopole du matériel et de la technologie. Un coup de fil de l’ANR suffit pour couper le signal.”

Dans la rue, un blanc est assis sur une chaise en plastique. Il boit de la bière congolaise. “Vous êtes Italien ?”, je lui demande. Il me répond que oui. “Vous travaillez pour Téléconsult ?” Encore oui. “Alors, c’est vous qui contrôlez tous les médias à Kinshasa, et même plus loin ?” L’Italien se lève soudainement. Il s’excuse, dit qu’il doit aller voir un collègue. Puis il court vers ses multiples antennes.

Mise à jour : Joint au téléphone, un porte-parole de Téléconsult répond que les accusations des journalistes sont fausses. Ils nient toute implication dans cette censure.

“Je ne suis pas marié”

“Du temps des mariages avec le sel, l’argent n’était pas si important. De nos jours les familles réclament tant, que les jeunes préfèrent rester célibataires.” Ces paroles sont sur le nouvel album Bouger le Monde du groupe congolais Staff Benda Bilili. J’ai rencontré Roger, le plus jeune membre du groupe, et le bassiste Paulin ou “Cavalier”, un des aînés du groupe, tous les deux célibataires. Et pour eux, le célibat c’est la misère!


10.000 dollars

Ça fait très, très longtemps que Paulin est seul. “Je suis célibataire parce que, si tu veux te marier, il faut avoir un boulot, il faut avoir à manger. Chez nous c’est un grand problème. Il faut avoir 5.000 ou 10.000 dollars pour se marier avec une femme. Tu vois ? C’est dommage pour les jeunes, comme il n’y a pas de boulot. Il faut donner 30 caisses de bières, de l’argent et la dot à la famille, c’est beaucoup!”

Roger, le petit dernier de Staff Benda Bilili, a 24 ans. Lui aussi est un homme libre. Et avec lui, de plus en plus de jeunes dans son pays, la République démocratique du Congo (RDC) : “Moi, je ne suis pas marié, j’ai des enfants, mais je ne suis pas marié. La responsabilité, les dépenses, tu dois payer le loyer… Il y a beaucoup plus de jeunes qui souffrent à propos de ça.”

L’esprit du célibat
Mais aujourd’hui, pour Roger, se marier est devenu possible grâce au grand succès international du groupe Staff Benda Bilili. “Mais derrière moi il y a des millions de jeunes, surtout en Afrique, qui n’ont pas ces capacités. C’est difficile. Il y a des gens qui meurent sans avoir fait un enfant. Voilà l’esprit du célibat.”

Et peut-être qu’il se mariera un jour. “Un homme doit être responsable, dit Roger. A 26 ou 27 ans, il faut être marié.” Mais pour Paulin, le bassiste de Staff Benda, il est trop tard, il se considère trop vieux pour avoir des enfants : “Oui, c’est trop tard, affirme Paulin. Parce que chez nous, il faut faire des enfants avant d’avoir 35 ans !”

Ne pas rester seul
Paulin restera donc seul. Heureusement qu’il vit en groupe avec les autres membres de Staff Benda Bilili, qui sont comme une famille pour lui : “Il ne faut pas rester seul. Donc il ne faut pas que le groupe se sépare. Il faut rester ensemble !” Le groupe a d’ailleurs composé une chanson sur leur volonté de rester ensemble, intitulée “Ne me quitte pas”.

En Afrique, on me prend pour un Blanc

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J´ai rencontré Stromae lors de sa visite au festival Eurosonic-Noorderslag 2011 ! Une interview pour Radio Netherlands Worldwide.

Stromae ?
C’est du verlan pour maestro, du verlan parisien qu’on utilise aussi en Belgique. Cela consiste à utiliser un mot à l’envers. De Maestro on obtient Stromae. Je trouvais ça un peu plus modeste.
Je n’ai pas la prétention de me prendre pour un maestro. Je me considère un maestro au sens où je compose derrière un ordinateur et mes musiciens sont dans l’ordinateur. Je ne me situerai jamais au niveau d’un grand compositeur comme Mozart ou Beethoven.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=VHoT4N43jK8[/youtube]

Vous êtes Belgo-Rwandais. Etes-vous connu en Afrique ?
Le morceau a bien marché en Afrique. En tout cas dans les pays francophones, parce que la culture francophone européenne s’inspire beaucoup de la culture francophone africaine. Dans les pays comme le Congo, je sais que ça a beaucoup marché. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest aussi. Dans le nord : le Maroc, la Tunisie. L’ Egypte un petit peu, même si ce n’ est pas francophone. L’ Afrique du Sud. J’ai vu des Gabonais sur ma page Facebook. Tous les Africains qui me soutiennent, merci beaucoup !

Quel est votre lien personnel avec l’Afrique ?
Quand je vais en Afrique, on me prend pour un blanc. Même un black-black qui a grandi en Afrique, on le prend pour un blanc. Je n’ai pas envie de me rapprocher faussement d’une origine ou d’une autre, sans les connaître réellement. Je ne connais pas très bien mes racines africaines. En fait, je n’ai jamais connu mon père. Pourtant on a beaucoup dansé sur Koffi, Papa Wemba etc. En Europe on a dansé aussi ! Surtout dans le milieu de la musique, je crois qu’il n’y a plus de frontières.

Vous venez d’être élu à la présidence du Rwanda. Quelle est votre priorité ?
Pour le Rwanda, je pense – je ne suis pas sûr – qu’il faut avancer sur le pardon. Je crois que le président Paul Kagame fait déjà un gros effort. Il y a eu de gros crimes quand même. Il faut évoluer, il faut parler de ce génocide.

Et votre priorité en Belgique ?
Pour la Belgique… on n’a pas eu de génocide, heureusement. Mais on est en train de se prendre la tête pour des bêtises du même genre, des bêtises de langue. Je pense qu’il faut se rapprocher des gens. Ce sont des problèmes d’humains. Je crois qu’il faut avoir assez de recul quand on est président pour ne pas penser à ses propres intérêts avant ceux des gens qu’on sert. Mais c’est facile à dire quand on n’est pas au pouvoir. Je ne veux pas poigner du doigt trop facilement.

Si vous pensez aux Pays-Bas, quel est le plus grand cliché qui vous vient à l’esprit?
Quand je pense aux Pays-Bas, je pense au fromage Gouda. On en mange beaucoup en Belgique. Un peu aussi à la bière, mais en Belgique on est plus réputé pour la bière. L’herbe vous êtes très connus pour cela. Les Pays-Bas est l’un des seuls pays où c’est autorisé.

Vous fumez de l’herbe ?
Moi ? Non. Jamais. Mais sérieusement. Sérieusement !

Etant vous-même un ”role model”, qui est votre ”role model” à vous ?
Ibrahim Ferrer ! L’un des chanteurs du collectif Buena Vista Social Club. J’écoute depuis longtemps. Ma mère me l’a fait découvrir. Un bon mélange de toutes les musiques du monde. Il s’inspire de la rumba congolaise, il utilise les mêmes congas que la musique congolaise, avec des influences espagnoles, avec des influences orientales.

Moi aussi je m’inspire de la salsa. Je crois que dans l’électronique il y a énormément de mélancolie. Même le New Beat s’inspirait énormément de la musique cubaine. Ce sont les mêmes genres de mélodie que j’ai repris aussi.

Buena Vista Social Club a une mélancolie ! Ils ont une simplicité, une modestie. C’est magnifique !

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Qui est Stromae ?

Paul van Haver (1985, Bruxelles) est un auteur, compositeur et interprète connu dans le monde entier par son single Alors on danse (2010). Il combine la musique électronique, le hip-hop et la chanson française. Van Haver est de mère belge et de père rwandais.

Youssou N’Dour : ”Wilders ? Connais pas”

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“Notre religion est des fois déformée par des gens ici.” Youssou N’dour la semaine dernière aux Pays-Bas – défend sa religion. L’avis de la superstar sénégalaise.

”Quand j’étais très jeune, nous parlions de l’Europe comme d’un El Dorado. C’était quelque chose de magique, un continent de réussite. Je me souviens que je parlais toujours d’Amsterdam. Je voulais aller à Amsterdam un jour. Sans vraiment connaître bien le pays.”

”La Hollande est en relation avec ma musique. La première fois que le musicien anglais Peter Gabriel a entendu ma voix, c’était sur la radio néerlandaise. Il a dit : Oh ! quelle est cette voix ?”

”Et puis j’aime beaucoup le football. J’aime beaucoup les joueurs ici. Et j’ai des amis aux Pays-Bas. Il est exclu que je fasse une tournée en Europe sans passer en Hollande.”

Ridicule

”Le politicien néerlandais Geert Wilders ? Non, je ne le connais pas. Mais je connais un peu la situation générale aux Pays-Bas. Qu’il y a de plus en plus de gens qui ont des idées un peu d’extrème droite.”

”Moi je crois que l’islam, c’est le contraire de ce qu’il dit. L’islam, c’est une religion de tolérance, une religion de paix. C’est une religion – si vous lisez l’équivalent de la Bible, le Coran – qui aborde toutes les questions. Comme dans toutes les religions il y a des gens qui sont un peu extrémistes.”

Pour moi la multitude d’ethnies, de langues, de religions, ce n’est pas un obstacle ! C’est une richesse. Malheureusement de plus en plus de gens y font obstacle. Ils utilisent leur message, leur discours en disant que c’est un problème. Moi je crois que c’est dommage qu’il y ait des gens qui arrivent au pouvoir avec un message ridicule. Ainsi ils arrivent à convaincre plus de gens. C’est dommage.”

Déformée
”La religion est tout pour moi. La religion me suit dans tout ce que je fais. Je pense que c’est important pour moi de défendre toujours ma religion et d’utiliser aussi ma musique et ma réputation pour promouvoir le vrai visage de notre religion, qui est des fois déformée par des gens ici.”

”Les médias parlent beaucoup de ces extrémistes comme s’ils étaient importants. Mais la majorité de la population musulmane est tolérante, aime la paix. Je crois que les médias ont joué un rôle très important. Ils montrent toujours un côté très dur des fondamentalistes. Il y a aussi des fondamentalistes dans les autres religions. Mais on parle beaucoup plus des fondamentalistes dans la religion musulmane. Je ne suis pas d’accord.”

Mission
”Personnellement, je resterai toujours musicien, mais je participe à la politique. Cela m’intéresse beaucoup, la politique dans mon pays, dans mon continent. Pour jouer sur les bonnes décisions.”

”Quant aux Pays-Bas, je crois fondamentalement que les Néerlandais sont un peuple ouvert. Il ouvrira toujours ses yeux vers la richesse des cultures. Moi, j’y crois.”