J´ai rencontré Stromae lors de sa visite au festival Eurosonic-Noorderslag 2011 ! Une interview pour Radio Netherlands Worldwide.
Stromae ?
C’est du verlan pour maestro, du verlan parisien qu’on utilise aussi en Belgique. Cela consiste à utiliser un mot à l’envers. De Maestro on obtient Stromae. Je trouvais ça un peu plus modeste.
Je n’ai pas la prétention de me prendre pour un maestro. Je me considère un maestro au sens où je compose derrière un ordinateur et mes musiciens sont dans l’ordinateur. Je ne me situerai jamais au niveau d’un grand compositeur comme Mozart ou Beethoven.
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Vous êtes Belgo-Rwandais. Etes-vous connu en Afrique ?
Le morceau a bien marché en Afrique. En tout cas dans les pays francophones, parce que la culture francophone européenne s’inspire beaucoup de la culture francophone africaine. Dans les pays comme le Congo, je sais que ça a beaucoup marché. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest aussi. Dans le nord : le Maroc, la Tunisie. L’ Egypte un petit peu, même si ce n’ est pas francophone. L’ Afrique du Sud. J’ai vu des Gabonais sur ma page Facebook. Tous les Africains qui me soutiennent, merci beaucoup !
Quel est votre lien personnel avec l’Afrique ?
Quand je vais en Afrique, on me prend pour un blanc. Même un black-black qui a grandi en Afrique, on le prend pour un blanc. Je n’ai pas envie de me rapprocher faussement d’une origine ou d’une autre, sans les connaître réellement. Je ne connais pas très bien mes racines africaines. En fait, je n’ai jamais connu mon père. Pourtant on a beaucoup dansé sur Koffi, Papa Wemba etc. En Europe on a dansé aussi ! Surtout dans le milieu de la musique, je crois qu’il n’y a plus de frontières.
Vous venez d’être élu à la présidence du Rwanda. Quelle est votre priorité ?
Pour le Rwanda, je pense – je ne suis pas sûr – qu’il faut avancer sur le pardon. Je crois que le président Paul Kagame fait déjà un gros effort. Il y a eu de gros crimes quand même. Il faut évoluer, il faut parler de ce génocide.
Et votre priorité en Belgique ?
Pour la Belgique… on n’a pas eu de génocide, heureusement. Mais on est en train de se prendre la tête pour des bêtises du même genre, des bêtises de langue. Je pense qu’il faut se rapprocher des gens. Ce sont des problèmes d’humains. Je crois qu’il faut avoir assez de recul quand on est président pour ne pas penser à ses propres intérêts avant ceux des gens qu’on sert. Mais c’est facile à dire quand on n’est pas au pouvoir. Je ne veux pas poigner du doigt trop facilement.
Si vous pensez aux Pays-Bas, quel est le plus grand cliché qui vous vient à l’esprit?
Quand je pense aux Pays-Bas, je pense au fromage Gouda. On en mange beaucoup en Belgique. Un peu aussi à la bière, mais en Belgique on est plus réputé pour la bière. L’herbe vous êtes très connus pour cela. Les Pays-Bas est l’un des seuls pays où c’est autorisé.
Vous fumez de l’herbe ?
Moi ? Non. Jamais. Mais sérieusement. Sérieusement !
Etant vous-même un ”role model”, qui est votre ”role model” à vous ?
Ibrahim Ferrer ! L’un des chanteurs du collectif Buena Vista Social Club. J’écoute depuis longtemps. Ma mère me l’a fait découvrir. Un bon mélange de toutes les musiques du monde. Il s’inspire de la rumba congolaise, il utilise les mêmes congas que la musique congolaise, avec des influences espagnoles, avec des influences orientales.
Moi aussi je m’inspire de la salsa. Je crois que dans l’électronique il y a énormément de mélancolie. Même le New Beat s’inspirait énormément de la musique cubaine. Ce sont les mêmes genres de mélodie que j’ai repris aussi.
Buena Vista Social Club a une mélancolie ! Ils ont une simplicité, une modestie. C’est magnifique !
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Qui est Stromae ?
Paul van Haver (1985, Bruxelles) est un auteur, compositeur et interprète connu dans le monde entier par son single Alors on danse (2010). Il combine la musique électronique, le hip-hop et la chanson française. Van Haver est de mère belge et de père rwandais.